Pollution des sols
Lors d’une pulvérisation sur une culture, seuls 10% des pesticides atterrissent effectivement sur la plante. Le reste est dispersé et une très grande partie se retrouve dans les sols, soit directement, soit après évaporation et retombée de pluie ; ces phénomènes se produisent à haute dose et de manière répétée. Ces résidus, toxiques, sont persistants et restent mobiles une fois dans le sol, qui est composé de matières minérales et organiques mais aussi d’organismes vivants qui sont notamment en charge de la biodégradation. L’eau de pluie renforce encore la mobilité de ces transferts.
Selon sa nature, c’est-à-dire sa composition en eau, en matières organiques et minérales et son pH, la capacité d’absorption d’un sol varie. Les pesticides absorbés n’étant plus ni liquides ni gazeux, le sol n’est plus en mesure de les dégrader ; en effet, pour que cette action s’effectue, il faut que les molécules soient biodégradables. Les pesticides occupent donc une place persistante une fois présents dans les sols, et ne seront pas non plus délogés par les flux d’eau. Ce phénomène est principalement observé dans les sols argileux.
On qualifie alors les sols de lieux de stockage provisoire, ou de filtres actifs ou passifs ; ces termes désignent les sols plus ou moins absorbants, et donnent une indication sur leur capacité à biodégrader certaines molécules chimiques. La puissance du filtre ne varie pas qu’en fonction du sol, mais également en fonction de la capacité des pesticides à se fixer durablement dans le sol. Il existe aussi un risque de recontamination et d’extension de la zone de contamination lorsque des poussières s’envolent du sol.
Afin d’étudier les effets des pesticides dans le sol sur le long terme, a été développée la notion de « demi-vie ». Elle désigne la durée au terme de laquelle il ne reste que la moitié de la concentration de pesticides dans le sol ; cette méthode donne une idée de la persistance des molécules. Cette persistance peut varier selon le climat, le type de soleil ou l’exposition au soleil. La demi-vie du DDT, par exemple, est atteinte au bout de 30 mois dans les climats tempérés, retombe à 9 dans les régions tropicales et n’est que de quelques semaines dans les rizières. Certaines substances chimiques ne sont pas du tout biodégradables : c’est le cas du MSMA, un fongicide beaucoup utilisé sur les golfs américains, et de l’oxychlorure de cuivre, qui a rendu stériles près de 50 000 hectares de terres cultivables en Amérique du Sud.